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PRÆFATIO.


trer leur boisson. Ils ne prenoient pas leurs repas assis sur des chaises ; mais ils se couchoient par terre sur des couvertures de peaux de loups et de chiens, et ils étoient servis par leurs enfans de l’un et de l’autre sexe qui étoient encore dans la première jeunesse. Ils avoient à côté d’eux de grands feux garnis de chaudieres et de broches, où ils faisoient cuire de gros quartiers de viandes, et ils en présentoient les meilleurs morceaux aux plus distingués. Ils invitoient les étrangers à leurs festins, et à la fin du repas ils leur demandoient de quel pays ils étoient, et ce qu’ils venoient faire. César parle de cette coutume des Gaulois d’arrêter les Voiageurs, et de les interroger sur ce qu’ils avoient appris dans le pays d’où ils venoient. Ils étoient si crédules, qu’ils prenoient un simple oui-dire pour une chose très-sûre. Souvent leurs propos de table faisoient naître des sujets de querelles, et le mépris qu’ils avoient pour la vie, étoit cause qu’ils ne faisoient pas une affaire de s’appeler en duel. Ils portoient des habits singuliers : c’étoient des tuniques peintes de toutes sortes de couleurs, et des hauts de chausses qu’ils appelloient Brayes. (Il n’y avoit cependant que les peuples de la Narbonnoise qui portassent de ces sortes de brayes.) Par-dessus leurs tuniques ils mettoient une casaque rayée ou divisée en petits carreaux, épaisse en hiver et legere en été, et ils l’attachoient avec des agraffes. Comme les Gaulois avoient beaucoup d’or chez eux, il servoit à la parure des femmes, et même à celle des hommes. En effet ils en faisoient non-seulement des brasselets qu’ils portaient aux bras et aux poignets, mais encore des colliers extrêmement massifs, et même des cuirasses. Les Gaulois étoient terribles à voir, ils avoient la voix grosse et rude. Ils parloient peu dans les compagnies,