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PRÆFATIO.


et toujours fort obscurément, affectant de laisser à deviner une partie de ce qu’ils vouloient dire. Ils emploioient le plus souvent l’hyperbole, soit pour s’exalter eux-mêmes, soit pour rabaisser leurs adversaires. Leur son de voix étoit menaçant et fier, et ils aimoient dans leurs discours l’enflure et l’exaggération qui alloit jusqu’au tragique : ils étoient cependant spirituels et capables de toutes les sciences. Quoique leurs femmes fussent parfaitement belles, ils ne vivoient que rarement avec elles : mais ils étoient extrêmement adonnés à l’amour infâme des garçons. La plus grande partie de ce que je viens de dire touchant les mœurs des Gaulois, est tirée de Diodore de Sicile : mais comme cet Auteur étend le nom de Gaulois à des peuples qui certainement ne l’étoient pas, je ne prétens pas attribuer toutes ces choses aux Gaulois : je suis même persuadé qu’il y en a quelques-unes qui ne leur conviennent pas.

Les Gaulois ne comptaient pas les espaces du temps par le nombre des jours, mais par celui des nuits : c’était la nuit qui donnoit le commencement des mois, des années et des jours de naissance. Ils ne mesuroient pas les chemins par milles, mais par lieues. Pour éviter la chaleur, ils se logeoient ordinairement près des forêts et des fleuves : leurs maisons étoient grandes, rondes, construites d’ais et de claies, avec un grand toit : elles étoient couvertes de chaume ou de bardeaux de chêne. Ils couchoient par terre, mangeoient assis. Leurs mets pour l’ordinaire étoient du lait et toutes sortes de viandes, sur-tout du porc frais ou salé. Ils étoient grands mangeurs, et aimoient fort le vin : leur boisson ordinaire étoit de l’hydromele, ou ils en faisoient une autre avec de l’orge, laquelle ils appelloient Zythus. Ils étoient querelleux et hauts à la main :