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PRÆFATIO.


et en état de porter les armes : on regardoit comme une chose honteuse que des enfans dans leur bas âge parussent en public et en présence de leurs peres. Les femmes non seulement égaloient leurs maris en grandeur, elles ne leur cédoient pas même en courage. Avant que les Gaulois passassent en Italie, ils étoient tourmentés d’une cruelle guerre civile. Leurs femmes se jetterent au milieu des armées, et après avoir pris connoissance du sujet de leurs querelles, elles terminèrent leurs différends avec tant d’équité, que la paix fut bien-tôt rétablie dans les villes et dans les familles. Les Gaulois depuis ce tems-là conserverent la coutume d’admettre les femmes dans leurs conseils, lorsqu’il s’agissoit de guerre ou de paix, et de vuider par leur entremise les différends qui leur survenoient avec leurs Alliés. C’est pour cela que le traité qu’ils firent avec Annibal portait, que si les Gaulois se plaignoient des Carthaginois, la décision en seroit dévoluë aux Commandans des Carthaginois ; mais que si les Carthaginois accusoient les Gaulois, on s’en tiendrait au jugement des femmes des Gaulois.

On attribue aux Gaulois bien des choses que les Auteurs ne disent que des Celtes en général : mais comme ces Auteurs donnent une très-grande étendue à la Celtique : et qu’ils comprennent sous ce nom presque tous les pays Septentrionaux et Occidentaux, ce qu’ils disent des Celtes, convient moins aux Gaulois qu’aux autres nations Celtiques. Les Celtes avoient plus de vénération pour les Dioscures que pour les autres Dieux. Ils ne donnoient qu’un vêtement très-mince à leurs enfans dès qu’ils naissoient. Pour s’assurer de la fidélité de leurs femmes, ils mettaient sur un bouclier les enfans nouvellement nés, et les exposoient