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lxix
PRÆFATIO.


les quinze premiers d’entr’eux, et leur dit tout ce qu’il put pour les faire revenir. Ils lui répondirent qu’ils voioient bien que le peuple Romain étoit divisé en deux partis, qu’ils ne leur convenoit en aucune maniere de décider lequel des deux avoit raison : que Pompée et César, tous deux leurs patrons, étoient chefs de ces partis ; qu’aiant pareille obligation à l’un et à l’autre, ils ne dévoient se déclarer ni pour l’un ni pour l’autre, ni recevoir l’un dans leur ville et dans leurs ports au préjudice de l’autre. César voiant qu’il ne gagnoit rien, les fit attaquer par mer et par terre ; et après les avoir vaincus et pris leur ville, il leur enleva tout, armes, vaisseaux, argent ; et il ne leur laissa que le seul nom de liberté. Ciceron plaignoit le sort de cette ville : Nous avons vû, dit-il, porter en triomphe la ville de Marseille, sans laquelle nos Empereurs n’ont jamais triomphé des nations Transalpines.

Les Marseillois suivoient les Loix Ioniques, qui étoient exposées dans un lieu public. Leur gouvernement étoit Aristocratique : car leur République étoit gouvernée par six cens Sénateurs, qui à cause de l’emploi dont ils étoient honorés, et qu’ils exerçoient toute leur vie, s’appelloient Timuques. Ils avoient à leur tête quinze Sénateurs, qui expédioient les affaires les plus faciles. Trois entre ces quinze avoient la préséance et une autorité souveraine. Celui qui n’avoit pas d’enfans, et qui n’étoit pas du nombre des Citoiens depuis trois générations, ne pouvoit prétendre à la dignité de Timuque. Si quelqu’un avoit rendu une Sentence injuste, non-seulement il étoit condamné à perdre ses biens, mais encore il étoit déclaré infâme par les six cens. Ciceron donne de grandes louanges à cette