les quinze premiers d’entr’eux, et leur
dit tout ce qu’il put pour les faire revenir. Ils lui répondirent qu’ils voioient
bien que le peuple Romain étoit divisé
en deux partis, qu’ils ne leur convenoit en aucune maniere de décider lequel des deux avoit raison : que Pompée et César, tous deux leurs patrons,
étoient chefs de ces partis ; qu’aiant
pareille obligation à l’un et à l’autre,
ils ne dévoient se déclarer ni pour l’un
ni pour l’autre, ni recevoir l’un dans
leur ville et dans leurs ports au préjudice de l’autre. César voiant qu’il ne
gagnoit rien, les fit attaquer par mer
et par terre ; et après les avoir vaincus
et pris leur ville, il leur enleva tout,
armes, vaisseaux, argent ; et il ne leur
laissa que le seul nom de liberté. Ciceron plaignoit le sort de cette ville :
Nous avons vû, dit-il, porter en triomphe la ville de Marseille, sans laquelle
nos Empereurs n’ont jamais triomphé
des nations Transalpines.
Les Marseillois suivoient les Loix
Ioniques, qui étoient exposées dans un
lieu public. Leur gouvernement étoit
Aristocratique : car leur République
étoit gouvernée par six cens Sénateurs,
qui à cause de l’emploi dont ils étoient
honorés, et qu’ils exerçoient toute leur
vie, s’appelloient Timuques. Ils avoient
à leur tête quinze Sénateurs, qui expédioient les affaires les plus faciles.
Trois entre ces quinze avoient la préséance et une autorité souveraine. Celui qui n’avoit pas d’enfans, et qui n’étoit pas du nombre des Citoiens depuis trois générations, ne pouvoit prétendre à la dignité de Timuque. Si quelqu’un avoit rendu une Sentence injuste, non-seulement il étoit condamné
à perdre ses biens, mais encore il étoit
déclaré infâme par les six cens. Ciceron donne de grandes louanges à cette
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