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République : car après avoir dit que sa
gravité et sa discipline, étoient préférables non-seulement à la Gréce, mais
même à toutes les Nations de l’Univers ; il ajoute que quoiqu’elle fût éloignée de la Grèce, entourée de Gaulois, et arrosée par les flots de la barbarie, elle étoit gouvernée par le conseil de ses Sénateurs avec tant de prudence, qu’on pouvoit plus aisément
louer ses maximes que les imiter. Presque tous les Auteurs font les mêmes
éloges de la gravité et de la discipline
des Marseillois, en sorte que Plaute
voulant exprimer des mœurs irréprochables, il les appelle des mœurs Marseilloises. Ils avoient une loi qui défendoit aux femmes de boire du vin.
Ils portoient à si haut point la modestie, que la plus grande dot ne passoit
pas cent écus d’or, et qu’il n’étoit permis à personne d’en emploier plus de
cinq en habits, et plus de cinq autres
en ornemens d’or. Leur discipline étoit
si sévére, qu’ils permettoient à un maître de casser jusqu’à trois fois l’affranchissement qu’il avoit accordé à son
esclave, s’ils connoissoient que le maître avoit été trompé trois fois par ce
même esclave : que si le maître l’affranchissoit une quatrième fois, il ne
pouvoit plus revenir contre cet affranchissement. Ils n’admettoient aucun
Comédien sur la scene : leurs portes
étoient fermées à ceux qui sous prétexte de religion cherchoient à entretenir leur fainéantise. On conservoit
dans la ville, depuis sa fondation, un
glaive pour égorger les criminels : ce
glaive étoit si mangé par la rouille qu’à
peine pouvoit-il servir : mais c’est une
marque, dit Valere Maxime, que dans
les plus petites choses on doit conserver tous les monumens des anciens usages. Ils ne laissoient entrer dans la ville
personne qui eût des armes. Il y avoit
à la porte quelqu’un de préposé pour
prendre et garder les armes de ceux
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