qui y entroient, et pour les leur rendre à leur sortie. Ils en agissoient ainsi
pour que l’hospitalité, qu’ils exerçoient
avec beaucoup d’humanité, ne préjudiciât point à leur sûreté. Il faut que
dans la suite les Marseillois aient bien
dégenéré de leur ancienne vertu, et
qu’ils soient tombés dans le luxe et
la mollesse, puisque lorsqu’on partait
à des gens mous, efféminés et adonnés à toutes sortes de débauches, il
étoit passé en proverbe de leur dire :
Allez à Marseille, ou Vous êtes venus de Marseille. Petrone, dont Servius rapporte les paroles dans son Commentaire sur Virgile, attribue aux Marseillois une coutume bien barbare. Toutes les fois, dit-il, que les Marseillois étoient attaqués de la peste, un d’entre les pauvres s’offrait pour être nourri pendant une année entiere très-délicatement aux dépens du public. Après quoi on l’ornoit de vervénes et de vêtemens sacrés : et après lui avoir fait faire le tour de la ville, en le chargeant de malédiction, pour que les maux de la ville retombassent sur lui, on le chassoit, ou selon la leçon de Pierre Daniel, on le sacrifioit, et on le mettoit en pièces.
Le pays des Marseillois étoit couvert d’oliviers et de vignes : mais
comme la terre n’étoit guéres propre
à porter du blé, ils s’appliquerent
moins à l’agriculture qu’à la navigation.
Aussi leur Arsenal étoit-il fourni de
vaisseaux, d’amies, d’une grande quantité de machines pour la navigation et
pour l’attaque des places. Leurs maisons n’étoient pas couvertes de tuiles,
mais de torchis. Il y avoit devant les
portes de la ville deux biéres, l’une
pour les corps morts des gens de condition libre, l’autre pour ceux des esclaves : ces biéres étoient portées dans
un chariot au lieu de la sépulture. Le
deuil ne duroit que le jour de l’enterrement, qui se faisoit sans pleurs, sans
gémissemens : on faisoit un sacrifice
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