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LES ENTOMOLOGISTES
peints par eux-mêmes.



Nous sommes arrivés au temps de la franchise absolue. La littérature abonde aujourd’hui en portraits d’après nature, tracés avec d’autant plus de liberté que, chez ces hommes peints par eux-mêmes, c’est le romancier qui dessine le savant, et le journaliste qui croque l’épicier ; mais, dans ce panorama de toutes les conditions humaines, je m’aperçois, sans surprise du reste, qu’on a oublié une petite famille, peu nombreuse sans doute, surtout chez nous autres Français, mais qui n’en vaut pas moins peut-être la peine d’être connue : je veux parler de cette classe de naturalistes qui, parmi les nombreuses études de la nature, a choisi celle des infiniment petits. Je sais que beaucoup d’hommes qui se disent graves, considèrent cette étude et les hommes qui s’y livrent, comme atteints et convaincus de puérilité ; mais, leur opinion fût-elle juste, c’est souvent à propos de petits objets que s’agitent les grandes passions, et les travers de l’esprit humain sont parfois plus curieux à observer dans leurs effets que dans leurs causes. Le microscope que je vais vous présenter, peut vous faire apercevoir de curieux détails et justifier ainsi notre devise : Natura maxime miranda in minimis.

Je vous initierai donc, Messieurs, aux petits secrets de ces existences toutes pleines de bonheur et d’obscurité. Au risque de passer pour un faux frère, je vous ferai toucher, sans honte comme sans modestie, tous les points par les-