Page:Recueil des Travaux de la Société libre de l'Eure, tome 3, 1842.djvu/439

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quels nous appartenons, nous aussi, aux faiblesses et aux mérites de l’humanité ; le portrait sera fait réellement cette fois devant un miroir, et pour comble de désintéressement, je renoncerai en votre faveur à concourir à la prime que M. Curmer accorde à ses lauréats.

Ce n’est pas que bien des écrivains n’aient parlé de nous, et j’en pourrais citer un grand nombre, depuis La Bruyère jusqu’au moderne Balzac ; mais aucun ne nous a fait l’honneur de s’occuper de nous d’une manière sérieuse ; et tous, à l’exemple de l’implacable auteur des Caractères, se sont contentés de frapper en passant sur nos ridicules.

Et d’abord, qu’est-ce qu’un entomologiste ? La définition n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire : car chez ces êtres, comme dans leurs collections, il y a une foule de variétés.

Il y a l’entomologiste collectionneur, dont la vocation n’est point spéciale, et qui ne fait qu’obéir au développement particulier de son crâne, qui l’a voué dès sa naissance à la manie des collections. Il ramasse et amasse des insectes, comme il ramasserait des plantes, des coquilles, des médailles, des bouquins ; et souvent en effet, il cumule tous ces goûts. Réunir le plus possible d’objets soigneusement rangés et étiquetés, pouvoir se vanter de posséder seul tel Carabus ou tel Elzévir, tel est son suprême bonheur. Du reste, il use peu ou point de ses propriétés une fois acquises ; chaque objet a sa place dans son casier et dans sa mémoire, mais il ne sort pas plus de l’un que de l’autre.

Il y a l’entomologiste commerçant, qui reporte sur la science une vocation pour le négoce qui n’a pu s’exercer autrement. Celui-là ne rêve qu’échanges, correspon-