Page:Recueil des Travaux de la Société libre de l'Eure, tome 3, 1842.djvu/448

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jours passés dont sa tendresse ne peut combler le vide éternel, et que cette minute dont la rivalité impérieuse et triomphante éclipse tous vos plaisirs, est celle où vous avez trouvé le Carabus auronitens ! Il n’y a cependant rien de plus vrai. »

Après ces paroles de l’aimable écrivain que les entomologistes sont fiers d’avoir compté dans leurs rangs, tout ce que je pourrais ajouter serait sans force. Je ne puis cependant finir sans rappeler une de leurs plus grandes jouissances, qui est aussi une de leurs meilleures qualités, et il y aurait une véritable ingratitude de ma part à la passer sous silence, car plus d’une fois j’en ai éprouvé les agréables effets. Je veux parler de cette fraternité qui règne parmi eux, qui les réunit tous dans une même famille, depuis le plus humble amateur jusqu’au membre de l’Institut, depuis le simple soldat jusqu’au pair de France (car nous avons de tout cela parmi nous). Oui, dans maint hôtel des plus fastueux, quand le maître, fatigué d’importunités, a consigné tous les visiteurs, qu’on annonce un entomologiste, et la porte s’ouvrira pour lui.

Et quand le voyageur, jeté par le hasard ou les affaires à quelques cent lieues de son foyer, cherche vainement une figure amie parmi les étrangers qui l’entourent, et se sent le cœur serré par la conscience de son isolement, l’entomologiste, lui, ne perd jamais l’espoir de voir un front se dérider pour lui et de sentir une main serrer la sienne.

Achille Guenée.
Membre de la Société.