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VII. — SOTTIE NOUVELLE

faut pas se laisser influencer par ces Lombards, ou ces Romains, tout-puissants à la Cour, et qui pourtant mériteraient d’être pendus (v. 31-34). Voici un astrologue qui survient fort à point et qui fera voir l’avenir tel qu’il est. L’astrologue, consulté, passe en revue toutes les constellations et trace à mots couverts un tableau assez triste de la situation de la France au début du nouveau règne. Il insiste tout d’abord sur le signe de Gemini, qui règne en la maison du haut dieu Mars (v. 57), et il voudrait le voir banni de notre climat ; c’est une première attaque dirigée contre Georges d’Amboise et son frère, Louis d’Amboise, évêque d’Albi, devenus tout puissants depuis la mort de Charles VIII. Les sots veulent avoir des informations plus précises. Que ne leur parle-t-on des crimes qui se commettent chaque jour (v. 79-87), ou des accidents, tels que l’effondrement récent des échafauds élevés à l’occasion des joutes royales (v. 91) ? L’accident auquel les sots font allusion s’était produit le 2 juillet 1498, et nous fournit la date de la sottie, qui fut jouée peu de temps après. L’astrologue développe quelques moralités générales ; mais les sots le prient de revenir aux « choses publiques » (v. 111). Eux-mêmes s’élèvent avec force contre « ung tas de prestrailles, qui s’entremettent des assaulx », c’est-à-dire qui se mêlent de faire la guerre (v. 122-123) ; contre les ambitieux prêts à tout faire pour obtenir le chapeau de cardinal, et en particulier contre l’archevêque de Rouen (v. 126). C’est la bourse du pauvre peuple, minor bursa, qui est toujours mise à contribution (v. 129). Les sots continuent leurs doléances, quand survient Chascun (v. 148), qui se plaint de sa maladie, des « pertes et mengerie » qu’il a subies (v. 155), des impôts qu’il a dû supporter « pour poier le chapeau d’ung moyne » (v. 163). L’astrologue répond que le regard de Sol, c’est-à-dire du roi, pourra changer les choses (v. 167). Déjà Mars (ce même roi) a chassé l’Aigle de son verger, autrement