Page:Recueil général des sotties, éd. Picot, tome I.djvu/239

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dit, a chassé les Impériaux qui avaient envahi le duché de Bourgogne (v. 175, 178). Pourtant on voit toujours avec inquiétude « Gemini en autorité » (les frères d’Amboise). Ce n’est pas la Vierge (Virgo) qui règne, c’est la folle Vénus avec son cortège de dissolution. Il faudrait réformer le Châtelet et le Parlement, faire régner partout la justice. Tout viendra si l’on sait attendre, répond le prince, en exhortant les sots à chanter une chanson (v. 240).

Après cet intermède, le dialogue reprend. L’un des sots fait une allusion directe au mouvement céleste qui porte Mars (le roi) à prendre Vénus (Anne de Bretagne), qui fut femme de Vulcanus (Charles VIII). L’astrologue espère que Mars se reposera ensuite, et Chascun s’écrie : « Au deable le mouvement ! (v. 278). » Les sots blâment sans réserve la politique du feu roi, qui serait encore de ce monde, s’il n’avait eu l’idée d’aller à Naples (v. 279-283). Mais Chascun réplique, en faisant allusion à Guillaume Briçonnet :

Pour avoir une rouge chappe
A ung tresorier de finances,
Y faloit aller voir le pape (v. 285-287).

L’astrologue réprouve ces entreprises qui pèsent sur le pauvre peuple, dont la bourse est vide (v. 291, 300). Heureusement que le triste règne de Saturnus (Louis XI ?) est passé, et qu’on va entrer dans un règne de grâce (v. 313). Les allusions continuent, mais elles deviennent moins intelligibles pour nous. Peut-être les vers 339 et suivants contiennent-ils des traits satiriques contre César Borgia, dont la réputation était bien établie en France, et dont on redoutait la venue.

L’astrologue se tourne de nouveau vers Sol, c’est-à-dire vers le roi (v. 363) : lui seul peut redresser les abus, assurer le bon fonctionnement de la justice et remettre toutes choses en leur place. Un des sots dénonce encore