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INTRODUCTION

n’était, en principe, qu’une parade. Le Badin ayant chanté quelques paroles un peu libres, la Reformeresse lui fait compliment de sa chanson :

Et vrayment je vous retiendray :
Savés vous bien telle chanson ?
Y fault publier a plain son
Les estas, qu’i nous viennent voir.

La représentation proprement dite n’est pas encore commencée ; on en est aux « bagatelles de la porte », et les joueurs de farces se flattent d’attirer les spectateurs par des plaisanteries fortement épicées.

Nous avons dit que la sottie appartenait surtout au répertoire des comédiens de métier ; nous pouvons faire valoir plusieurs arguments à l’appui de cette assertion. Il est évident que le genre de facéties que se permettaient les sots ou badins aurait répugné à la gravité des chanoines, des prêtres ou des bourgeois de distinction, qui figuraient dans les représentations solennelles des mystères ; mais il y a une autre raison, que l’on peut appeler une raison physique. Les sots étaient des clowns, qui accompagnaient leurs dialogues de culbutes ou d’exercices athlétiques. On le voit clairement dans la farce du Bateleur[1] où le principal personnage apprend à son valet à bien sauter, afin d’obtenir le prix comme badin :

Sus ! faictes le sault : hault deboult ;
Le demy tour, le souple sault,

  1. Le Roux de Lincy et Michel, IV, no 69, p. 6 ; Fournier, p. 323.