J’espère que le temps rendra mon sort plus doux.
Dans mes yeux vous avez pu lire
Le sort que vous gardoit mon coeur :
Jamais d’aucun regard flatteur
Ai-je entrepris de vous séduire ?
Ah ! Quand on ressent quelque ardeur,
Les yeux sont-ils si longtemps à le dire ?
Pour rendre le calme à mes sens,
Et pour payer I’amour dont mon âme est atteinte,
Dites que vous m’aimez, trompez-moi, j’y consens ;
Cette fausse pitié, cette cruelle feinte,
Peut-être calmeront les douleurs que je sens.
C’est une peine, quand on aime,
D’avouer un penchant qu’on trouve plein d’appas ;
Ce seroit un supplice extrême
De déclarer des feux que l’on ne ressent pas.
Mon tendre amour, de votre haine
Ne sera-t-il jamais victorieux 3
Vous gardez le silence ; insensible ! Inhumaine !
L’aurore va paroître, il faut quitter ces lieux.