Page:Regnard - Œuvres complètes, tome quatrième, 1820.djvu/407

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Si tu peux te résoudre à quitter ton logis,
Où l’or et l’outremer brillent sur les lambris,
Et laisser cette table avec ordre servie,
Viens, pourvu que l’amour ailleurs ne te convie,
Prendre un repas chez moi, demain, dernier janvier,
Dont le seul appétit sera le cuisinier.
Je te garde avec soin, mieux que mon patrimoine,
D’un vin exquis, sorti des pressoirs de ce moine
Fameux dans Ovilé, plus que ne fut jamais
Le défenseur du clos vanté par Rabelais.
Trois convives connus, sans amour, sans affaires,
Discrets, qui n’iront point révéler nos mystères,
Seront par moi choisis pour orner le festin.
Là par cent mots piquants, enfants nés dans le vin,
Nous donnerons l’essor à cette noble audace
Qui fait sortir la joie, et qu’avouerait Horace.
 
Peut-être ignores-tu dans quel coin reculé
J’habite dans Paris, citoyen exilé,
Et me cache aux regards du profane vulgaire ?
Si tu le veux savoir, je vais te satisfaire.
Au bout de cette rue où ce grand cardinal,
Ce prêtre conquérant, ce prélat amiral,