Page:Regnard - Œuvres complètes, tome second, 1820.djvu/150

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J'entends. Autour d'un tapis vert,

Dans un maudit brelan, ton maître joue et perd,

Ou bien réduit à sec, d'une âme familière,

Peut-être il parle au ciel d'une étrange manière.

Par ordre très exprès d'Angélique, aujourd'hui [35]

Je viens pour rompre ici tout commerce avec lui.

Des serments les plus forts appuyant sa tendresse,

Tu sais qu'il a cent fois promis à ma maîtresse

De ne toucher jamais cornet, carte, ni dé,

Par quelque espoir de gain dont son coeur fût guidé ; [40]

Cependant...HECTOR.

Je vois bien qu'un rival domestique

Consigne entre tes mains pour avoir Angélique.NÉRINE.

Et quand cela serait, n'aurais-je pas raison ?

Mon coeur ne peut souffrir de lâche trahison.

Angélique, entre nous, serait extravagante [45]

De rejeter l'amour qu'à pour elle Dorante :

Lui, c'est un homme d'ordre, et qui vit congrument.HECTOR.

L'amour se plaît un peu dans le dérèglement.NÉRINE.

Un amant fait et mûr.HECTOR.

Les filles d'ordinaire,

Aiment mieux le fruit vert.{{Personnage|