Page:Regnard - Œuvres complètes, tome second, 1820.djvu/151

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NÉRINE}}.

D'un fort bon caractère ; [50]

Qui ne sut de ses jours ce que c'est que le jeu.HECTOR.

Mais mon maître est aimé.NÉRINE.

Dont j'enrage. Morbleu !

Ne verrai-je jamais les femmes détrompées

De ces colifichets, de ces fades poupées,

Qui n'ont, pour imposer, qu'un grand air débraillé, [55]

Un nez de tous côtés de tabac barbouillé,

Une lèvre qu'on mord pour rendre plus vermeille,

Un chapeau chiffonné qui tombe sur l'oreille,

Une longue steinkerque à replis tortueux,

Un haut-de-chausse bas prêt à tomber sous eux ; [60]

Qui, faisant le gros dos, la main dans la ceinture,

Viennent, pour tout mérite, étaler leur figure ?HECTOR.

C'est le goût d'à présent ; tes cris sont superflus,

Mon enfant.NÉRINE.

Je veux, moi, réformer cet abus.

Je ne souffrirai pas qu'on trompe ma maîtresse, [65]

Et qu'on profite ainsi d'une tendre faiblesse ;

Qu'elle épouse un joueur, un petit brelandier,

Un franc dissipateur, et dont tout le métier

Est d'aller de cent lieux faire la découverte

Où de jeux et d'amour on tient boutique ouverte, [70]

Et qui le conduiront tout droit à l'hôpital.HECTOR.