Page:Regnard - Œuvres complètes, tome second, 1820.djvu/160

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Mais quel gage, dis-moi, veux-tu que je lui donne ?HECTOR.

Elle viendra tantôt elle-même en personne,

Vous vous ajusterez ensemble en quatre mots.

Mais, Monsieur, s'il vous plaît, pour changer de propos,

Aimeriez-vous toujours la charmante Angélique ? [185]VALÈRE.

Si je l'aime ? Ah ! Ce doute et m'outrage et me pique.

Je l'adore.HECTOR.

Tant pis : c'est un signe fâcheux.

Quand vous êtes sans fonds, vous êtes amoureux ;

Et quand l'argent renaît, votre tendresse expire.

Votre bourse est, Monsieur, puisqu'il faut vous le dire, [190]

Un thermomètre sûr, tantôt bas, tantôt haut,

Marquant de votre coeur ou le froid ou le chaud.VALÈRE.

Ne crois pas que le jeu, quelque sort qu'il me donne,

Me fasse abandonner cette aimable personne.HECTOR.

Oui, mais j'ai bien peur, moi, qu'on ne vous plante là. [195]VALÈRE.

Et sur quel fondement peux-tu juger cela ?HECTOR.

Nérine sort d'ici, qui m'a dit qu'Angélique

Pour Dorante votre oncle en ce moment s'explique ;

Que vous jouez toujours, malgré tous vos serments,

Et qu'elle abjure enfin ses tendres sentiments. [200]VALÈRE.