Page:Regnard - Œuvres complètes, tome second, 1820.djvu/214

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Ai-je tort quand je dis que l'argent de retour

Vous fait faire toujours banqueroute à l'amour ?

Vous vous sentez en fonds, ergo plus de maîtresse. [950]VALÈRE.

Ah ! Juge mieux, Hector, de l'amour qui me presse.

J'aime autant que jamais ; mais sur ma passion

J'ai fait, en te quittant, quelque réflexion.

Je ne suis point du tout né pour le mariage.

Des parents, des enfants, une femme, un ménage, [955]

Tout cela me fait peur. J'aime la liberté.HECTOR.

Et le libertinage.VALÈRE.

Hector, en vérité,

Il n'est point dans le monde un état plus aimable

Que celui d'un joueur : sa vie est agréable ;

Ses jours sont enchaînés par des plaisirs nouveaux ; [960]

Comédie, opéra, bonne chère, cadeaux :

Il traîne en tous les lieux la joie et l'abondance :

On voit régner sur lui l'air de magnificence ;

Tabatières, bijoux : sa poche est un trésor :

Sous ses heureuses mains le cuivre devient or. [965]HECTOR.

Et l'or devient à rien.VALÈRE.

Chaque jour mille belles

Lui font la cour par lettre, et l'invitent chez elles :

La porte, à son aspect, s'ouvre à deux grands battants.

Là, vous trouvez toujours des gens divertissants ;