Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/145

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MERLIN.

Hé ! Quel expédient trouver ? Nous avons fait argent de tout : les revenus sont touchés d’avance ; la maison de la ville est démeublée à faire pitié ; nous avons abattu les bois de la maison de campagne, sous prétexte d’avoir de la vue. Pour moi, je vous avoue que je suis à bout.

CLITANDRE.

Si mon père peut être encore cinq ou six mois sans revenir, j’aurai tout le temps de réparer, par mon économie, les premiers désordres de ma jeunesse.

MERLIN.

Assurément. Et monsieur votre père, de son côté, ne travaille-t-il pas à reboucher tous ces trous-là ?

CLITANDRE.

Sans doute.

MERLIN.

Il vaut mieux que vous fassiez toutes ces sottises-là de son vivant qu’après sa mort ; il ne seroit plus en état d’y remédier.

CLITANDRE.

Tu as raison, Merlin.

MERLIN.

Allez, monsieur, vous n’avez pas tant de tort qu’on diroit bien. Monsieur votre père fera un gros profit pendant son voyage ; vous aurez fait une grosse dépense pendant son absence : quand il reviendra, de quoi aura-t-il à se plaindre ? Ce sera comme s’il n’avoit