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Scène II


Albert, Agathe,Lisette

Albert

Venez, sous ces arbres épais,
Pendant quelques moments, prendre avec moi le frais.

Lisette

à Albert.
Voilà du fruit nouveau. Quel démon favorable
Vous rend l’accueil si doux, et l’humeur si traitable ?
Par votre ordre étonnant, depuis plus de six mois,
Nous sortons aujourd’hui pour la première fois.

Albert

Il faut changer de lieu quelquefois dans la vie :
Le plus charmant séjour à la fin nous ennuie.

Agathe

à Albert.
Sous quelque autre climat que je sois avec vous,
L’air n’y sera pour moi ni meilleur, ni plus doux.
Je ne sais pas pourquoi ; mais enfin je soupire,
Quand je suis près de vous, plus que je ne respire.

Albert

à Agathe.
Mon cœur à ce discours se pâme de plaisirs.
Il te faut un époux pour calmer ces soupirs.

Agathe

Les filles, d’ordinaire assez dissimulées,
Font, au seul nom d’époux, d’abord les réservées,
Masquent leurs vrais désirs, et répondent souvent
N’aimer d’autre parti que celui du couvent :