Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/242

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Est tout-à-fait malsain : je dois même vous dire
Que vous ferez fort mal d’y demeurer longtemps,
Et qu’il est dangereux et mortel aux passants.

Agathe

Hélas ! Rien n’est plus vrai : depuis que j’y respire,
Je languis nuit et jour dans un cruel martyre.

Crispin

Que l’on me donne à moi toujours du même vin
Que celui que notre hôte a percé ce matin,
Et je défie ici toux, fièvre, apoplexie,
De pouvoir, de cent ans, attenter à ma vie.

Eraste

On ne croira jamais qu’avec tant de beauté,
Et cet air si fleuri, vous manquiez de santé.

Albert

Qu’elle se porte bien, ou qu’elle soit malade,
Cherchez un autre lieu pour votre promenade.

Eraste

Cet objet que le ciel a pris soin de parer,
Cette vue où mon œil se plaît à s’égarer,
Enchante mes regards ; et jamais la nature
N’étala ses attraits avec tant de parure.
Mon cœur est amoureux de ce qu’on voit ici.

Albert

Oui, le pays est beau, chacun en parle ainsi :
Mais vous emploieriez mieux la fin de la journée :
Votre chaise à présent doit être accommodée ;
Votre présence ici ne fait aucun besoin :
Partez ; vous devriez être déjà bien loin.