Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/252

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Dès que j’eus mis en chant un certain rigaudon,
Trois sages médecins venus dans la maison,
La garde, le malade, un vieil apothicaire
Qui venoit d’exercer son grave ministère,
Sans respect du métier, se prenant par la main,
Se mirent à danser jusques au lendemain.

Crispin

à éraste.
Voir une faculté faire en rond une danse,
Et sortir dans la rue ainsi tout en cadence,
Cela doit être beau, monsieur !

Eraste

bas, à Crispin.
Quoi ! Malheureux,
Tu peux rire, et la voir en cet état affreux !

Agathe

Attendez… doucement… mon démon de musique
M’agite, me saisit… je tiens du chromatique.
Les cheveux à la tête en dresseront d’horreur…
Ne troublez pas le dieu qui me met en fureur.
Je sens qu’en tons heureux ma verve se dégorge.
Elle tousse beaucoup, et crache au nez d’Albert.
Pouah ! C’est un diésis que j’avois dans la gorge.
Or donc, dans le duo dont il est question,
Vous y verrez du vif et de la passion :
Je réussis des mieux et dans l’un et dans l’autre.
Elle donne un papier de musique à Albert, et une lettre à Éraste.
Voilà votre partie ; et vous, voilà la vôtre.
Elle tousse pour se préparer à chanter.