- (à part.)
Je tremble, et je ne sais ce que je vais lui dire.
Quoi ! Vous qui raisonnez philosophiquement,
Qui parlez à vos sens impérativement,
Qui voyez face à face étoiles et planètes,
Une fille vous met en l’état où vous êtes !
Vous tremblez ! Allons donc, montrez de la vigueur.
Tant de trouble jamais ne régna dans mon cœur.
- (à Criséis.)
L’amour est, en effet, ce qu’on a peine à dire ;
C’est une passion que la nature inspire,
Un appétit secret dans le cœur répandu,
Qui meut la volonté de chaque individu
À se perpétuer et rendre son espèce…
Pour un homme d’esprit vous parlez mal tendresse.
- (à Criséis.)
L’amour, ne vous déplaise, est un je ne sais quoi,
Qui vous prend, je ne sais ni par où, ni pourquoi ;
Qui va je ne sais où ; qui fait naître en notre âme
Je ne sais quelle ardeur que l’on sent pour la femme :
Et ce je ne sais quoi, qui paroît si charmant,
Sort enfin de nos cœurs, et je ne sais comment.
Vous me parlez tous deux une langue étrangère ;
Et moins qu’auparavant je connois ce mystère.
L’amour n’est pas, je crois, facile à pratiquer,