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Page:Regnard - Œuvres complètes, tome troisième, 1820.djvu/344

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Il examine les hardes de la valise, et tire un sac de procès.

Ce meuble de chicane appartient sûrement
À quelque homme du Maine, ou quelque Bas-Normand.

Il tire un habit de campagne.

L’habit est vraiment leste, et des plus à la mode.
Pour un surtout de chasse il me sera commode.

Le Chevalier

Ô ciel !

Valentin

Quel est l’excès de cet étonnement ?

Le Chevalier

L’aventure ne peut se comprendre aisément.

Valentin

Qu’avez-vous donc, monsieur ? Est-ce quelque vertige
Qui vous monte à la tête ?

Le Chevalier

Elle tient du prodige ;
Tu ne la croiras pas quand je te la dirai.

Valentin

Si vous ne mentez pas, monsieur, je vous croirai.

Le Chevalier

Je suis né, tu le sais, assez près de Péronne,
D’un sang dont la valeur ne le cède à personne.
Tu sais qu’ayant perdu père, mère et parents,
Et demeurant sans bien dès mes plus tendres ans,
Las de passer mes jours dans le fond d’une terre,
Je suivis à quinze ans le métier de la guerre.
Un frère seul resta de toute la maison,
Avec un oncle avare, et riche, disoit-on.
En différents pays j’ai brusqué la fortune,