Sans que l’on ait de moi reçu nouvelle aucune ;
Et je sais, par des gens qui m’en ont fait rapport,
Que depuis très longtemps mon frère me croit mort.
Je le sais ; et de plus, je sais que votre mère
Mourut en accouchant de vous et de ce frère ;
Que vous êtes jumeaux, et que votre portrait
En toute sa personne est rendu trait pour trait ;
Que vos airs dans les siens sont si reconnoissables,
Que deux gouttes de lait ne sont pas plus semblables.
Nous nous ressemblions, mais si parfaitement,
Que les yeux les plus fins s’y trompoient aisément ;
Et notre père même, en commençant à croître,
Nous attachoit un signe afin de nous connoître.
Vous m’avez dit cela déjà plus d’une fois.
Mais que fait cette histoire au trouble où je vous vois ?
Ce n’est pas sans raison que j’ai l’âme surprise,
Valentin. À ce frère appartient la valise ;
Et j’apprends, en lisant la lettre que je tiens,
Que notre oncle est défunt, et qu’il laisse ses biens
À ce frère jumeau, qui doit ici se rendre.
La nouvelle en effet a de quoi vous surprendre.
Écoute, je te prie, avec attention.
Ceci mérite bien quelque réflexion.