Page:Regnaud - La Langue et la littérature sanscrites.djvu/11

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leurs fruits dans un livre publié, vers 1650, par un voyageur hollandais du nom d’Abraham Roger, qui avait résidé sur les côtes de Coromandel. Cet ouvrage, dont il y a une version française sous le titre singulier de la Porte ouverte pour parvenir à la Connaissance du Paganisme caché, contient, indépendamment de données du genre de celles dont je viens de parler, la traduction des sentences morales et religieuses attribuées au poëte sanscrit Bhartrihari, « expliquées à l’auteur, est-il dit, par le brâhmine Pabmanaba. » Le savoir d’Abraham Roger et de ses émules était donc de seconde main ; il ne reposait pas directement sur les documents originaux et passait, pour arriver jusqu’à eux, par l’intermédiaire des prêtres indigènes, qui s’exprimaient à cet effet, soit dans les dialectes modernes de l’Inde, soit, sans doute, en portugais ou en hollandais. Aussi le sanscrit était-il encore si complétement ignoré en Europe dans la seconde moitié du xviiie siècle que le savant sinologue de Guignes, dans un Mémoire inséré au tome XL du Recueil de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, attribuait les analogies signalées entre les noms de nombre