chândâla avec les faits et les idées qui forment le sujet du célèbre épisode du Mahâbhârata intitulé la Bhagavad-Gîtâ est tellement frappante, que je n’hésite pas, quant à moi, à voir dans ce passage de la Mricchakatikâ un ressouvenir, sinon une imitation voulue du fragment philosophique en question[1].
Comme la Bhagavad-Gîtâ ne paraît guère pouvoir être postérieure au iie siècle après Jésus-Christ, on doit en conclure, en se basant sur le double raisonnement que je viens de développer, que la composition de l’œuvre attribuée au roi Çûdraka a eu lieu entre les années 250 et 600 de notre ère[2].
- ↑ Comp. surtout pour la forme donnée à la pensée les deux passages suivants :
Mrcch. Ed. Stenz. p. 169. 5. 6. Vasanaparyâyah çavasya punar asti…
Bhag.-Gîta. 2. 22 — Vâsâmsi jîrnâni yathâ vihâya navâni grhnâti naro’ parâni ; tathâ çarîrâni vihâya jîrnâny anyâni samyâti navâni dehi.
- ↑ J’ai négligé les arguments chronologiques qu’on pourrait être tenté de tirer de telle stance de la Mricchakatikâ qui se retrouve sous une forme identique, ou à peu près, dans l’Hitopadeça, Chânakya, etc. Tous ces passages portent sur des idées proverbiales ou ayant du moins un sens très-général, et la littérature gnomique de l’Inde ancienne présente un caractère trop accusé d’impersonnalité et de communisme pour qu’on puisse en rapporter le morceaux flottants à tel auteur déterminé et, par conséquent, décider quel est le prêteur ou l’emprunteur.