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XII
PRÉFACE.

chândâla avec les faits et les idées qui forment le sujet du célèbre épisode du Mahâbhârata intitulé la Bhagavad-Gîtâ est tellement frappante, que je n’hésite pas, quant à moi, à voir dans ce passage de la Mricchakatikâ un ressouvenir, sinon une imitation voulue du fragment philosophique en question[1].

Comme la Bhagavad-Gîtâ ne paraît guère pouvoir être postérieure au iie siècle après Jésus-Christ, on doit en conclure, en se basant sur le double raisonnement que je viens de développer, que la composition de l’œuvre attribuée au roi Çûdraka a eu lieu entre les années 250 et 600 de notre ère[2].

  1. Comp. surtout pour la forme donnée à la pensée les deux passages suivants :

    Mrcch. Ed. Stenz. p. 169. 5. 6. Vasanaparyâyah çavasya punar asti

    Bhag.-Gîta. 2. 22 — Vâsâmsi jîrnâni yathâ vihâya navâni grhnâti naro’ parâni ; tathâ çarîrâni vihâya jîrnâny anyâni samyâti navâni dehi.

  2. J’ai négligé les arguments chronologiques qu’on pourrait être tenté de tirer de telle stance de la Mricchakatikâ qui se retrouve sous une forme identique, ou à peu près, dans l’Hitopadeça, Chânakya, etc. Tous ces passages portent sur des idées proverbiales ou ayant du moins un sens très-général, et la littérature gnomique de l’Inde ancienne présente un caractère trop accusé d’impersonnalité et de communisme pour qu’on puisse en rapporter le morceaux flottants à tel auteur déterminé et, par conséquent, décider quel est le prêteur ou l’emprunteur.