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XXII
PRÉFACE.

renferment d’interminables détails. Cependant si, de ce fait, l’œuvre pèche incontestablement sous le rapport esthétique, ces développements exagérés ont souvent, comme études de mœurs, un intérêt pour nous qui en rachète le côté défectueux. La description de la saison des pluies au cinquième acte, par exemple, est dans des proportions qui la rendent tout à fait fastidieuse, mais celle du palais de Vasantasenâ, au quatrième, et les débats du procès de Chârudatta au neuvième, nous offrent des renseignements si curieux qu’on oublie volontiers à la lecture combien ces morceaux laissaient à désirer à la représentation au point de vue de l’art.

Quant à la qualité qui nous rend surtout précieux le Chariot de terre cuite, c’est précisément le côté réaliste et la variété des épisodes et des personnages. Ce drame suffirait presque à lui seul pour permettre une restitution de la société de l’Inde et de ses usages à l’époque où il a été composé. Maitreya, demi-parasite, demi-bouffon, mais si complètement dévoué à son ami Chârudatta ; le Vita, sorte de magister elegantiarum, raffiné et disert, chez lequel toutefois le sens moral a survécu et qui s’oppose énergiquement aux criminels desseins de Samsthânaka ; Çarvilaka, le voleur amoureux et