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XXIII
PRÉFACE.

pédant, qui pratique son art selon les règles, tout en regrettant d’y être contraint pour obtenir celle qu’il aime ; le masseur, qui ne trouve rien de mieux pour échapper aux malheurs dans lesquels le précipite la passion irrésistible du jeu que de se faire religieux buddhiste et de se vouer au renoncement ; et jusqu’aux figures qu’on ne fait qu’entrevoir comme Aryaka, le berger prédestiné[1] qui devient roi au dénouement, Chandanaka le capitaine, Mâthura le maître de jeu, Madanikâla soubrette amoureuse, Sthâvaraka le pauvre cocher esclave qui redoute l’enfer s’il pèche, sont autant de portraits originaux bien en relief, et, on le sent, d’une grande vérité. De même, les différents tableaux qui se succèdent à mesure que l’action s’enchaîne et’se développe ne laissent rien à désirer pour le pittoresque et la vraisemblance : la description de la pauvreté de Chârudatta, la scène à la fois si discrète et si voluptueuse de ses amours avec Vasantasenâ, la dispute des joueurs, celle des deux capitaines, tout le rôle de Samsthânaka au huitième acte, la condam-

  1. Remarquons, en passant, que ce berger, réserve pour le trône d’après un oracle, est en étroite parenté mythique avec Krishna, Œdipe, Cyrus, Romulus, etc.