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ACTE PREMIER.

ami de tous les temps ! Ami, sois le bienvenu et assieds-toi (7).

Maitreya. — Je vous obéis, seigneur. (Il s’assied.) Voici un manteau parfumé de fleurs de jasmin que votre cher ami Chûrnavriddha vous envoie ; il m’a chargé de vous le remettre après que vous auriez rendu vos devoirs aux dieux. (Il le lui offre ; Chârudatta le prend et reste pensif.) Eh bien ! à quoi pensez-vous ?

Chârudatta. — Ah ! mon ami,

« Le bonheur qui survient après l’infortune est comme un flambeau qui s’allume au sein d’une nuit profonde. Si l’homme, au contraire, tombe de la félicité dans la misère, il cesse d’exister, bien qu’il ait toujours un corps et qu’il paraisse vivre. »

Maitreya. — Que préférez-vous de la mort ou de la pauvreté ?

Chârudatta. — « La mort, mon ami, me semble préférable à la misère : pour mourir on n’endure qu’un instant de douleur ; mais quand on est pauvre, on souffre sans relâche (8). »

Maitreya. — Ne vous chagrinez pas tant. La décroissance de vos richesses, dissipées par vos amis, ressemble à celle de la lune réduite à son dernier quartier pour avoir servi de breuvage aux dieux (9), et prête à