Page:Regnaud - Le Chariot de terre cuite, v2.djvu/104

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« Le nuage, pareil à un prince qui a pénétré dans la capitale d’un ennemi consterné, s’avance sur les ailes du vent, il lance en guise de traits d’épaisses gouttes de pluie, il a pour tambour le bruit du tonnerre (77), pour étendards les lueurs de l’éclair, et il enlève à la lune, sur le champ de bataille du ciel, le riche butin de ses rayons (78). »

Vasantasenâ. — C’est bien cela (79) ; mais en voilà un autre que je vais vous dépeindre :

« Quand ces nuages aux ventres gonflés (80) et proéminents (81), d’où sortent les grondements du tonnerre, et qui, noirs comme des éléphants, sont pavoises aux couleurs étincelantes (82) de l’éclair, percent le cœur comme d’une flèche acérée (83), pourquoi la grue au désespoir hélas ! répète-t-elle ces paroles qui semblent le glas des épouses dont les maris sont au loin (84) : « La pluie ! la pluie (85) ! » et jette-t-elle ainsi, la méchante, du sel sur les blessures ? »

Le vita. — Très-bien, Vasantasenâ ! Écoutez à votre tour :

« Le ciel semble vouloir présenter l’image d’un éléphant en rut : les troupes de grues simulent le bandeau blanc qu’il a sur la tête et les éclairs sont comme un chasse-mouche (86) qu’on agiterait autour de lui. »

Vasantasenâ. — Maître, voyez, voyez !