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PRÉFACE



En proposant aux indianistes un système d’interprétation du Rig-Véda très différent de ceux qui ont eu cours jusqu’ici, j’ai tout d’abord à cœur de montrer que ce système, loin de s’appuyer sur des hypothèses paradoxales, a, bien au contraire, son point de départ dans les idées que suggèrent naturellement l’expérience et la raison.

Je ne saurais, certes, m’empêcher de reconnaître que je m’écarte considérablement des théories admises[1] en cessant, par exemple, de considérer à la suite des brâhmanes le soma comme le suc clarifié d’une certaine plante formant le breuvage des dieux et des sacrificateurs, pour y voir, selon les indications des textes et du sens commun, une huile ou une liqueur spiritueuse dont l’usage consistait à alimenter les flammes d’Agni ou le feu du sacrifice.

  1. Un détail qui montre bien à quel point l’importance du soma comme aliment d’Agni a échappé jusqu’à présent aux interprètes du Véda, c’est que M.  Hillebrandt dans son ouvrage récent intitulé : Soma und verwandte Götter, consacre à peine deux lignes (p. 263) à constater que le soma était versé dans le feu du sacrifice comme libation aux dieux, et n’en tire aucune conséquence.