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Page:Reichenbach – The Rise of Scientific Philosophy.djvu/60

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SPECULATIVE PHILOSOPHY

la sécurité ultime. La croyance en la science a remplacé, dans une large mesure, la croyance en Dieu. Même lorsque la religion était considérée comme compatible avec la science, elle était modifiée par la mentalité du croyant en la vérité scientifique. La période des Lumières, dans laquelle s’inscrit l’œuvre de Kant, n’a pas abandonné la religion, mais elle l’a transformée en un credo de la raison, elle a fait de Dieu un savant mathématicien qui savait tout parce qu’il avait une connaissance parfaite des lois de la raison. Il n’est pas étonnant que le savant mathématicien soit apparu comme une sorte de petit dieu, dont les enseignements devaient être acceptés comme exempts de tout doute. Tous les dangers de la théologie, son dogmatisme et son contrôle de la pensée par la garantie de la certitude, réapparaissent dans une philosophie qui considère la science comme infaillible.

Si Kant avait vécu pour voir la physique et les mathématiques de notre époque, il aurait très bien pu abandonner la philosophie de l’a priori synthétique. Considérons donc ses livres comme des documents de leur époque, comme la tentative d’apaiser sa soif de certitude par sa croyance en la physique de Newton. En fait, le système philosophique de Kant doit être conçu comme une superstructure idéologique érigée sur la base d’une physique modelée pour un espace absolu, un temps absolu et un déterminisme absolu de la nature. Cette origine explique le succès et l’échec du système, explique pourquoi Kant a été considéré par tant de gens comme le plus grand philosophe de tous les temps, et pourquoi sa philosophie n’a rien à dire à nous qui sommes témoins de la physique d’Einstein et de Bohr.

Cette origine explique aussi le fait psychologique que Kant n’a pas vu le point faible de la construction logique par laquelle il entendait justifier le synthétique a priori. C’est le but préconçu qui rend le philosophe aveugle aux hypothèses tacites qu’il a introduites. Afin de clarifier ma critique, j’aborderai maintenant la deuxième partie de la théorie de l’a priori synthétique de Kant