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Page:Reichenbach - Experience and Prediction.djvu/106

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92 IMPRESSIONS AND THE EXTERNAL WORLD

donc d’une entreprise qui n’est pas moins saine que de s’occuper des nécessités quotidiennes ; c’est le désir sain d’ajouter à la lutte pour l’existence une compréhension de la lutte et de l’existence elle-même ; et si le bon sens attaque la philosophie parce qu’elle remet en question des concepts fondamentaux de la vie, c’est seulement parce que l’homme de bon sens ne se rend pas compte que le désir de compréhension peut devenir aussi urgent que le désir d’exister économiquement.

Nous faisons précéder cette remarque générale de l’interrogation suivante pour répondre à l’opinion de certains philosophes selon laquelle une enquête sur la question de l’existence des choses extérieures est déraisonnable et ridicule. Une telle position constituerait en soi une réponse et exigerait d’être étayée. Il est vrai que la question de l’existence, telle qu’elle est habituellement exprimée, a besoin d’être corrigée ; et c’est précisément la tâche du philosophe de clarifier d’abord la question avant de pouvoir donner une réponse. Mais il n’est pas légitime de couper court à la question par des remarques sophistiques. Certains philosophes ont soutenu qu’un homme qui doute de l’existence des choses extérieures devrait se faire frapper le front contre un mur pour le convaincre de la réalité du mur. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un raisonnement philosophique. Ce que l’homme a vu l’aurait peut-être mieux convaincu des choses extérieures que ce qu’il a ressenti, car ce qu’il a vu était à l’extérieur de son corps, alors que la douleur qu’il a ressentie était à l’intérieur ; et c’est simplement la question de savoir s’il y a quelque chose à l’extérieur de lui que l’homme a voulu résoudre.

Avec cette remarque, nous sommes au centre du problème de l’existence. L’expérience, même l’expérience de la vie quotidienne, nous oblige à faire la distinction entre le rêve et la veille ; il existe un monde de rêves aussi vivant que le monde de la veille — mais nous savons néanmoins que nous devons interpréter ce monde comme un monde intérieur seulement, auquel ne correspondent pas de choses extérieures. Sommes-nous sûrs que ce que l’on appelle