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Page:Reichenbach - Experience and Prediction.djvu/17

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CHAPITRE I

SIGNIFICATION

§ 1. Les Trois Tâches de l’épistémologie

Toute théorie de la connaissance doit partir de la connaissance en tant que fait sociologique donné. Le système de connaissance tel qu’il a été construit par des générations de penseurs, les méthodes d’acquisition des connaissances utilisées autrefois ou aujourd’hui, les buts de la connaissance tels qu’ils sont exprimés par la procédure de la recherche scientifique, le langage dans lequel la connaissance est exprimée — tout cela nous est donné au même titre que n’importe quel autre fait sociologique, comme les coutumes sociales, les habitudes religieuses ou les institutions politiques. La matière dont dispose le philosophe n’est pas différente de celle du sociologue ou du psychologue ; ceci découle du fait que, si la connaissance n’était pas matérialisée dans les livres, les discours et les actions humaines, nous ne la connaîtrions jamais. La connaissance est donc une chose très concrète ; et l’examen de ses propriétés revient à étudier les caractéristiques d’un phénomène sociologique.

Nous appellerons la première tâche de l’épistémologie sa tâche descriptive — la tâche de donner une description de la connaissance telle qu’elle est réellement. Il s’ensuit donc que l’épistémologie, à cet égard, fait partie de la sociologie. Mais ce n’est qu’un groupe particulier de questions concernant le phénomène sociologique de la « connaissance » qui constitue le domaine de l’épistémologie. Il s’agit de questions telles que « Quelle est la signification des concepts utilisés dans la connaissance ? » « Quels sont les présupposés contenus dans la méthode scientifique ? » « Comment savons-nous si une phrase est vraie, et le savons-nous vraiment ? » et bien d’autres encore ; et bien que, en effet,