en transformant la tâche consultative de l’épistémologie en tâche critique. Nous pouvons énoncer ce lien sous la forme d’une implication : Si vous choisissez cette décision, vous êtes obligé d’accepter cet énoncé ou cette autre décision. Cette implication, prise dans son ensemble, est exempte d’éléments volitifs ; c’est la forme dans laquelle la partie objective de la connaissance trouve son expression.
On peut se demander si tout processus de pensée a besoin du langage. Il est vrai que la plupart des pensées conscientes sont liées à la forme du langage, même si c’est peut-être de manière plus ou moins lâche : les lois du style sont suspendues, et des groupes de mots incomplets sont fréquemment utilisés à la place de propositions entières. Mais il existe d’autres types de pensée, de caractère plus intuitif, qui ne contiennent peut-être pas d’éléments psychologiques pouvant être considérés comme constituant un langage. Il s’agit d’une question à laquelle les psychologues n’ont pas encore apporté de solution définitive.
Mais ce qui est incontestable, c’est qu’il s’agit là d’une question qui relève uniquement de la psychologie et non de l’épistémologie. Nous avons rappelé que ce n’est pas la pensée dans sa réalité qui constitue l’objet de l’épistémologie, mais que c’est la reconstruction rationnelle de la connaissance qui est considérée par l’épistémologie. Et la connaissance reconstruite rationnellement ne peut être donnée que sous forme de langage — cela n’a pas besoin d’être expliqué davantage, puisque cela peut être considéré comme faisant partie de la définition de ce que nous appelons la reconstruction rationnelle. Nous sommes donc en droit de nous limiter à la pensée symbolisée, c’est-à-dire à la pensée formulée dans le langage, lorsque nous commençons l’analyse de la connaissance. Si quelqu’un venait à objecter que nous laissons de côté par ce procédé certaines parties de la pensée qui n’apparaissent pas sous forme de langage, l’objection trahirait une mauvaise compréhension de