Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/112

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Cela vous prouve que sur l’Inca la discipline était peu observée, ainsi qu’il arrive souvent dans la marine marchande. Les paroles des uns, les cris des autres, le craquement des poulies, le choc des caisses et des futailles, la chute des fardeaux qui tombaient sur le pont, tout cela faisait un bruit dont on n’a pas d’idée : j’en fus littéralement pris de vertige, et restai plusieurs minutes sans pouvoir distinguer ce qui se passait autour de moi.

Au bout de quelques instants l’énorme tonneau qu’il s’agissait de descendre ayant gagné le fond de la cale, et se trouvant mis en place, le bruit s’apaisa et les hommes se reposèrent. C’est alors que je fus aperçu par un matelot, qui s’écria en me regardant d’un air railleur :

« Ohé ! petit épissoir[1], qu’y a-t-il pour ton service ? Viens-tu pour qu’on t’embarque ?

—Mais non, dit un autre, puisqu’il est capitaine et qu’il a son navire. »

C’était une allusion au petit schooner que je tenais à la main.

« Ohé ! du schooner, ohé ! Pour quelle destination ? » cria un troisième en regardant de mon côté.

Chacun éclata de rire et attacha sur moi des regards à la fois curieux et railleurs.

  1. Sorte de poinçon avec lequel on ouvre le bout des cordages que l’on veut épisser, c’est-à-dire rassembler en entrelaçant les torons qui les composent.