Aller au contenu

Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Déconcerté par cette réception peu bienveillante, je ne savais que dire pour expliquer mon affaire, lorsque je fus tiré d’embarras par l’homme en vareuse qui, s’étant approché, me demanda d’un air sérieux ce qui m’amenait à bord.

Je lui répondis que je voulais voir le capitaine. Je croyais toujours qu’il était le chef du bâtiment, et que c’était à lui que je devais présenter ma requête.

« Voir le capitaine ! répéta-t-il d’un air surpris. Et qu’avez-vous à lui demander ? Je suis le second du navire, si pour vous c’est la même chose, vous n’avez qu’à parler. »

J’hésitai d’abord à lui répondre ; mais il représentait le capitaine et je crus pouvoir lui déclarer mes intentions.

« Je voudrais être marin, » lui dis-je en m’efforçant d’empêcher ma voix de trembler.

Si l’équipage avait ri tout à l’heure, il rit encore plus fort maintenant, et le monsieur en vareuse joignit ses éclats de rire à ceux de tous les matelots.

« Bill ! cria l’un de ces derniers en s’adressant à un camarade qui se trouvait à distance : ne vois-tu pas ce marmouset qui voudrait être marin ? Bonté divine ! un petit bonhomme de deux liards, pas assez long pour faire seulement un chevillot ! un marin ! Bonté du ciel !

— Est-ce que sa mère sait où il est ? répondit le camarade.