Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/117

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allez chez votre grand’mère, chez votre oncle ou chez votre tante, allez où vous voudrez, mais partez d’ici bien vite, ou je vous fais hisser au bout d’un câble, et donner dix coups de corde ; m’avez-vous entendu ? »

Très-mortifié de cette menace, je m’éloignais sans mot dire ; j’avais gagné le passavant, et je mettais le pied sur la planche, lorsque je vis un homme se diriger vers le navire que j’étais en train de quitter. Il portait le costume de ville : habit noir et chapeau de castor ; mais un je ne sais quoi m’annonça qu’il appartenait à la marine ; son teint bruni par le vent et le soleil, quelque chose de particulier dans le regard, dans la démarche, étaient pour moi des indices qui ne pouvaient pas me tromper. Il avait un pantalon bleu, de drap pilote, qui ne pouvait appartenir qu’à un homme de mer ; et il me vint à l’idée que ce devait être le capitaine.

J’en eus bientôt la certitude ; il franchit le passavant, mit le pied sur le pont de manière à montrer qu’il était le maître, et je l’entendis aussitôt donner des ordres d’un ton d’autorité qui n’admettait pas de réplique.

Il me sembla qu’en m’adressant à lui j’aurais encore la chance de réussir, et je le suivis sans hésiter vers le gaillard d’arrière, dont il avait pris le chemin.

En dépit des remontrances de deux ou trois matelots,