Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je parvins à rejoindre le capitaine, et j’arrivai près de lui, juste au moment où il allait entrer dans sa cabine.

Je l’arrêtai par un pan de l’habit ; il se retourna d’un air étonné, et me demanda ce que je lui voulais.

Je lui adressai ma requête aussi brièvement que possible, et j’attendis avec émotion. Pour toute réponse il se mit à rire, appela un de ses hommes, et d’une voix qui n’avait rien de méchant :

« Waters, dit-il, prenez ce bambin sur vos épaules, et mettez-le sur le quai. »

Il n’ajouta pas une parole, descendit l’échelle et disparut à mes yeux.

Au milieu de ma douleur je me sentis enlever par les bras vigoureux du matelot, qui, après avoir franchi le bordage et la planche, fit quelques pas et me déposa sur le pavé.

« Pauvre mignon ! me dit-il avec douceur, écoute bien Jack Waters : gare-toi de l’eau salée le plus longtemps que tu pourras ; tu serais pris par les requins, ils te mangeraient, et ne feraient qu’une bouchée de ta personne. »

Il s’arrêta et sembla réfléchir.

« Ainsi, reprit-il d’une voix encore plus douce, tu es donc orphelin ? Tu n’as ni père, ni mère ?

—Ni l’un ni l’autre, répondis-je.

—Quelle pitié ! moi aussi j’ai été orphelin. C’est