Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/121

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qu’on pût s’y introduire ; je me faufilai dans l’un de ces étroits passages qui m’offraient un asile, et j’y fus caché à tous les gens du port, qui, de leur coté, disparurent à mes yeux. Une fois à l’abri de tous les regards, je ressentis le bien-être que l’on éprouve au sortir du péril, tant il est agréable d’échapper au ridicule, alors même qu’on est certain de ne pas l’avoir mérité.

Parmi les caisses au milieu desquelles je me trouvais, il y en avait une assez petite pour me servir de siége ; j’allai m’y asseoir, et me cachant le visage dans mes mains, je m’abandonnai à mes tristes réflexions.

Que me restait-il à faire ? Devais-je renoncer à la marine, retourner à la ferme, et vivre chez mon oncle ?

C’était, me direz-vous, le meilleur parti à prendre, le plus sage, surtout le plus naturel. Peut-être avez-vous raison ; mais si la pensée en vint à mon esprit, elle s’éloigna aussitôt, et n’influa nullement sur ma conduite.

« Je ne reculerai pas comme un lâche, me disais-je en moi-même ; ils ne m’ont pas abattu ; je suis entré dans la voie que je veux suivre, et j’irai jusqu’au bout. Ils ont refusé, il est vrai, de m’admettre sur l’Inca, mais c’est un petit malheur ; il y a d’autres vaisseaux dans le port, on les compte par vingtaines, et il est possible que plus d’un soit enchanté