Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/122

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de m’avoir. Dans tous les cas, je ferai une nouvelle tentative avant de renoncer à mes projets.

« Pourquoi me refuserait-on ? continuai-je poursuivant mon monologue. Pourquoi ? je le demande. Quel motif aurait-on de repousser mes services ? je travaillerais de si bon cœur ! Peut-être n’ai-je pas la taille nécessaire ? Les autres m’ont comparé à un épissoir, à un chevillot ; je ne sais pas ce que cela veut dire, mais il est certain que cette comparaison injurieuse signifiait que je n’étais pas assez grand pour être admis dans l’équipage. Pour faire un matelot, je le comprends ; mais un mousse ! la chose est différente. J’ai entendu dire qu’il y en avait de plus jeunes que moi ; il est vrai qu’ils pouvaient être moins petits. Quelle taille ai-je donc ? Si j’avais seulement un mètre pour le savoir au juste ! Il faut que je sois bien distrait pour ne m’être pas mesuré avant de quitter la ferme. »

Le cours de mes pensées fut interrompu en ce moment par la vue de quelques chiffres grossièrement tracés à la craie sur l’une des caisses voisines. Après les avoir examinés avec attention, je vis qu’ils marquaient un mètre vingt centimètres, et je compris qu’ils se rapportaient à la longueur de la caisse. Peut-être le charpentier les avait-il faits pour se rendre compte de son ouvrage, peut-être pour l’instruction des matelots qui devaient charger le navire.

Quoi qu’il en soit, ils me donnèrent le moyen de