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Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/123

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connaître ma taille à deux centimètres près, et voici de quelle façon : je me couchai par terre, en ayant soin de placer mes pieds de niveau avec l’une des extrémités de la caisse, je m’étendis de tout mon long, et je posai ma main à l’endroit où atteignait le dessus de ma tête. Hélas ! il n’arrivait pas à l’autre bout du colis ; j’eus beau m’allonger de toutes mes forces, tendre le cou, étirer mes jointures, il s’en fallait d’au moins cinq centimètres que je n’eusse en hauteur la longueur de cette caisse. J’avais donc à peine un mètre quinze ; c’était bien peu pour un garçon plein d’audace, et je me relevai tout confus de cette découverte.

Avant d’en acquérir la certitude, j’étais vraiment bien loin de me croire d’aussi petite taille. Quel est celui qui, à douze ans, ne s’imagine pas qu’il est bien près d’être un homme ! Je ne pouvais plus me faire illusion ; un mètre quinze centimètres ! Il n’était pas étonnant que Jacques Waters m’eût appelé marmouset, et ses camarades épissoir et chevillot.

Le découragement s’était emparé de mon âme ; pouvais-je, en bonne conscience, renouveler mes démarches ? Quel est le capitaine qui voudrait m’accepter ? un vrai Lilliputien ! Je n’avais jamais vu de mousse qui eût un mètre quinze. À vrai dire, je n’en avais jamais vu absolument parlant. Tous ceux qui en remplissaient les fonctions, à bord des schooners qui visitaient notre port, avaient la taille d’un