Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/148

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Ma torpeur augmenta de plus en plus ; je devins complétement insensible, et restai longtemps dans cet état voisin de la mort.

À la fin cependant, je repris connaissance ; peu à peu je retrouvai une partie de mes forces. Chose étrange ! la faim se faisait vivement sentir ; car le mal de mer aiguise l’appétit d’une façon toute spéciale. Néanmoins, la soif me torturait davantage, et ma souffrance était d’autant plus vive que je ne voyais aucun moyen de la calmer. Il me restait un peu de biscuit, je pouvais encore me rassasier une fois ; mais où trouver de l’eau pour éteindre le feu qui me desséchait les veines ?

Il n’est pas nécessaire de vous rapporter les réflexions poignantes qui me venaient à l’esprit ; qu’il vous suffise de savoir que ce paroxysme d’une douleur sans nom amena un délire dont j’eus un instant conscience, et qui, à mon grand soulagement, se termina par un profond sommeil.

Le corps épuisé perdit le sentiment de ses douleurs, et l’esprit oublia ses tourments.