et j’étais condamné à mort, condamné sans appel.
J’en avais la conviction, et aux souffrances du mal de mer succédait un affreux désespoir. Les douleurs physiques revinrent et, se joignant à la torture morale, produisirent une agonie que je ne saurais vous dépeindre. Je ne pus y résister ; mes forces m’abandonnèrent, et je tombai, comme atteint de paralysie.
Malgré ma stupeur, je n’avais pas perdu connaissance ; il me semblait que j’allais mourir, et je le désirais sincèrement. Puisque la mort est inévitable, pensais-je, il valait mieux qu’elle mît le plus tôt possible un terme à mes souffrances. Je suis persuadé que si je l’avais pu, j’aurais hâté ma dernière heure ; mais j’étais trop faible pour me tuer, quand même j’aurais eu des armes à ma disposition. J’avais totalement oublié que j’en possédais une, tant il y avait de confusion dans mon esprit !
Vous êtes étonné d’apprendre que je désirais mourir ; mais pour se faire une juste idée de l’étendue de mon désespoir, il faudrait avoir passé par la position où j’étais alors ; et Dieu veuille qu’elle vous soit épargnée !
Toutefois on ne meurt pas du mal de mer, et le désespoir ne suffit pas pour tuer l’homme ; il est plus difficile qu’on ne pense de sortir de ce bas monde.