Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/213

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Après deux jours et une nuit de péril, le vent tomba, et le calme succéda aux colères de l’ouragan ; je n’entendais pas même le murmure que produit la course du navire qui fend les vagues. Mais le roulis n’avait pas cessé, et les caisses et les futailles se heurtaient avec le même fracas. C’était le soulèvement des flots qui persiste après une tempête violente, et qui parfois est aussi dangereux pour le navire que la fureur du vent. On a vu se rompre les mâts en pareille circonstance, et le vaisseau être engagé, catastrophe redoutée des marins.

Cependant la mer s’apaisa graduellement, et au bout de vingt-quatre heures, le navire glissa sur l’onde avec plus de facilité que jamais. Les nausées disparurent, et la réaction qui en résulta me rendit un peu de courage. Il m’avait été impossible de dormir pendant tout le temps de la crise : le bruit du vent, le fracas du vaisseau, et par-dessus tout la frayeur, m’avaient empêché de fermer l’œil ; j’étais de plus épuisé par le mal de mer, et sitôt que les choses furent rentrées dans leur état normal, je tombai dans un profond sommeil.

Les rêves que j’eus alors furent presque aussi affreux que le péril auquel je venais d’échapper. C’était la réalisation de ce que m’avait fait craindre la tempête : je rêvais que j’étais en train de me noyer, sans la moindre chance de salut. Mieux