Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/237

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de sa présence. La mer était toujours calme, et j’entendais de temps en temps des sons caractéristiques : un bruit de pattes légères trottinant sur le couvercle d’une caisse, et parfois un cri bref, strident, pareil à ceux que les rats ont l’habitude de pousser. Je ne connais pas de voix plus désagréable que celle du rat ; dans la position où je me trouvais alors, cette voix me paraissait doublement déplaisante. Vous souriez de mes terreurs ; mais je ne pouvais pas m’en délivrer ; je pressentais que d’une manière ou d’une autre la présence de ce maudit rat mettait ma vie en danger ; et vous verrez que cette crainte n’était pas chimérique.

Ce que je redoutais alors, c’était que le monstre ne m’attaquât pendant que je dormirais ; tant que j’étais éveillé, je n’en avais pas grand’peur ; il pouvait me mordre, voilà tout ; je me défendrais, et il était impossible que dans la lutte je ne finisse pas par le tuer ; mais penser que dans mon sommeil l’horrible bête pouvait me sauter à la gorge, c’était pour moi une torture incessante. Je ne pouvais pas toujours être sur le qui-vive ; plus j’aurais veillé longtemps plus mon sommeil serait profond, et plus le danger serait grave. Pour m’endormir avec sécurité, il fallait avoir détruit mon rat ; et c’est à en trouver le moyen que j’occupais toutes mes pensées.

Mais j’avais beau réfléchir, je ne voyais d’autre