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Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/248

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Mais dans les pays neufs, où il a ses coudées franches, il pousse la hardiesse jusqu’à braver la présence de l’homme. Sous les tropiques il agit à ciel ouvert, et ne prend pas la peine de se cacher. À la vive clarté de la lune équatoriale, on voit ces rats normands se diriger par cohortes nombreuses vers l’endroit de leurs rapines, sans s’inquiéter des passants. Ils se dérangent un peu à votre approche, et reforment leurs colonies derrière vos talons, avec la même tranquillité que s’ils exerçaient une industrie légale.

J’ignorais tous ces détails à l’époque de ma lutte avec les rats de l’Inca ; mais j’en savais assez pour être fort inquiet de cet odieux voisinage ; et lorsque j’eus renvoyé de ma cabine cette légion de bêtes maudites, je fus très-loin de me sentir l’esprit léger. « Ils reviendront, me disais-je, peut-être en plus grand nombre ; et si le malheur veut qu’ils aient faim, ils seront peut-être assez féroces pour m’attaquer. Je n’ai pas vu tout à l’heure que ma personne les effrayât ; ils montaient sur moi avec une audace qui n’est pas rassurante. » Malgré la violence avec laquelle je les avais éconduits, je les entendais trotter près de ma cellule et crier avec rage. On aurait dit qu’ils se battaient. Que deviendrais-je si dans leur fureur ils allaient m’assaillir ? D’après ce qu’on m’avait raconté, la chose était possible ; je vous laisse à penser quelle était