Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/247

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y trouve d’énormes individus, mais ce n’est jamais qu’un fait exceptionnel. C’est moins par la taille que par l’audace qu’elle se distingue ; et son appétit féroce joint à sa fécondité, la rend, comme je le disais tout à l’heure, un véritable fléau. Chose remarquable : dès que le rat normand apparaît dans un endroit, il n’en reste plus d’autres au bout de quelques années ; d’où l’on a conclu avec raison qu’il détruit ses congénères[1]. Il ne craint ni les belettes ni les fouines ; s’il est moins fort que ces derniers animaux, il compense cette infériorité par le nombre, qui est chez lui de cent contre un, relativement à celui de ses adversaires. Les chats eux-mêmes en ont peur, et choisissent une victime de meilleure composition ; jusqu’aux chiens qui s’éloignent du rat de Norvége, à moins d’avoir été dressés d’une manière spéciale à son attaque.

Un fait particulier au rat normand est la science innée de ses intérêts, qui l’empêche de se commettre chaque fois qu’il n’est pas sûr d’un avantage. Est-il peu nombreux dans un endroit, ce rapace effronté devient timide ; se croit-il en danger, il se claquemure dans son trou et se tient sur la réserve.

  1. Le rat normand, qui a détruit en France, comme partout, les races qui ont pu l’y précéder, et qui dévore les individus de sa propre famille, est à son tour exterminé par le rat tartare ou surmulot.—Voir l’Esprit des bêtes, Toussenel, pages 272 et suivantes, t. I, deuxième édition. (Note du traducteur.)