Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/29

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un ne s’en était pas mêlé, un beau jeune homme du village, un batelier qui s’appelait Henry Blou, et qui m’a rendu à l’existence.

L’accident par lui-même n’a rien d’extraordinaire, et, si je le raconte, c’est pour vous montrer comment je fis connaissance avec ce brave Henry, dont les habitudes et l’exemple devaient tant influer sur mon avenir.

Je m’étais rendu sur la plage avec l’intention de me baigner, comme je le faisais tous les jours, et, soit méprise, soit envie d’explorer un nouveau coin de la baie, je me dirigeai précisément vers l’un des endroits les plus mauvais du courant. À peine étais-je dans l’eau qu’il me saisit et m’emporta vers la pleine mer, à une distance qu’il m’aurait été impossible de franchir pour regagner la côte. Soit, en outre, que la frayeur paralysât mes forces, car j’avais conscience du péril où je me trouvais, soit que je fusse vraiment incapable de lutter plus longtemps, je cessai mes efforts, et je coulai à fond comme une pierre.

Je me souviens confusément d’avoir aperçu un bateau près de l’endroit où j’avais cessé de nager : un homme était dans ce bateau, puis tout a disparu ; un bruit semblable aux roulements du tonnerre emplissait mes oreilles, et ma connaissance s’éteignit tout à coup, ainsi que la flamme d’une bougie qu’on a soufflée.